

Vacances en Bretagne (1815-1965)
Un livre d’histoire et de nostalgie. À regarder la perspective des deux derniers siècles, on distingue sans peine un extraordinaire mouvement des hommes vers le littoral. Pour ne parler que de la France, on ne peut qu’être frappé par la façon dont la mer a été apprivoisée. Petit à petit on s’est débarrassé de l’attirail… Voir l’articleUn livre d’histoire et de nostalgie.
À regarder la perspective des deux derniers siècles, on distingue sans peine un extraordinaire mouvement des hommes vers le littoral. Pour ne parler que de la France, on ne peut qu’être frappé par la façon dont la mer a été apprivoisée. Petit à petit on s’est débarrassé de l’attirail des cabines roulantes, des contraintes thérapeutiques, des maillots en forme de chasuble, de la peur de l’eau. Le séjour aux « bains de mer » est devenu « vacances » avec tout ce que cela suppose de rupture vis-à-vis des contraintes du quotidien, fût-ce pour s’en inventer de nouvelles.
C’est toute une culture que l’on voit naître et s’étendre avec ses invariants (la Bretagne, paradis originel) et ses innovations (la régate, le camping, la carte postale…). Cette Belle Époque des vacances en Bretagne a couru du début du XIXe siècle (les premiers Anglais arrivent en 1815) aux années 1960 (le grand projet portuaire et immobilier du Crouesty date de 1965). Peut-être même, pour certains, cette Belle Époque dure-t-elle encore secrètement ?
Bien sûr, les vacances sont longtemps restées réservées à une petite minorité de privilégiés ; d’ailleurs, « il n’y a pas de mot breton pour signifier les vacances en dehors de celles des écoliers » comme le notait P. J. Hélias. S’ils connaissent le mot, 40 % des Français n’en ont pas encore la pratique aujourd’hui. Néanmoins, les vacances en Bretagne sont apparues, lentement mais sûrement, comme un objectif enviable pour un nombre de plus en plus important de Français et d’étrangers. Le « souvenir de vacances » est même devenu le marqueur d’une accession au bien-être.
Avant les grands bouleversements induits par le développement du tourisme de masse qui s’impose au cours des années 1960, les vacances en Bretagne sont restées un compromis entre l’aventure et le rituel, l’obligation et la liberté, les représentations et les pratiques. Vécues pendant de longues périodes par les uns, toujours trop brièvement par d’autres, parfois simplement rêvées, les vacances en Bretagne nous reviennent toujours comme l’écho d’un paradis perdu.
Bizarrement, le phénomène ancien et massif des vacances ne dispose pas actuellement d’un musée puisque celui qui occupait la villa Eugénie à Dinard pour raconter l’histoire de la station a été démonté et attend des jours meilleurs tandis que le Musée du bord de mer ouvert en 2003 à Bénodet reste très modeste. Un peu comme si notre musée des vacances devait rester un musée imaginaire. Il fallait donc, pour le moins, un livre qui soit autant une histoire du tourisme qu’un album de souvenirs offrant à chacun les clés de la vieille maison de vacances en Bretagne qu’il porte en lui. Les petites madeleines ont ici un goût d’iode et de beurre salé. Regarder les vieux maillots mélangés aux robes de soirée dans les tiroirs de la commode. Feuilleter l’album de cartes postales jamais envoyées. Ouvrir la boîte en fer où les photographies ont remplacé les biscuits. Pousser les volets pour entendre les cris des enfants portés par le vent avec l’odeur des algues.
Table des matières
Les premières stations balnéaires
Hydrothérapie et balnéothérapie
Saint-Lunaire, Paramé, Saint-Briac-sur-Mer
Des Années folles à la fin d’un monde
Les débuts du tourisme populaire
Écrivains et artistes sur la route
Petites pêches et grands repas
Dans la bibliothèque du grenier
Errata
Le livre parfait n’existant pas, le lecteur méticuleux trouvera ici les corrections que d’autres lecteurs méticuleux m’ont gentiment suggérées.
C’est Laurent Goulhen, expert en histoire des transports ferroviaires (et auteur de deux beaux livres sur le sujet chez Skol Vreizh) qui me signale les premières (et dernières?).
Page 14, légende du bas: comme le montre bien la carte et contrairement à ce que dit la légende, ce n’est pas à Saint-Brieuc mais à Guingamp que le train arrive en 1863.
Page 19: Ce n’est pas en 1914 mais en 1925 que le réseau breton a compté un total de 426 km de lignes.